Avant d'envisager un éventuel pardon, se réconcilier avec soi-même

Un certain discours sur le pardon fait parfois plus de mal que de bien. Je pense à ces injonctions demandant à la personne agressée de pardonner rapidement. « Ce n’est pas si grave ». « Il ou elle ne l’a pas fait exprès ». « Mais comme tu es susceptible ». Souvent l’entourage invite ainsi à tourner la page, à passer à autre chose, faire la paix, en faisant le premier pas vers une réconciliation. En soi, il y a là certainement une bonne intention. Dans nos sociétés de plus en plus conflictuelles, il est bon de se reparler. Le problème est que cela marche rarement quand cette démarche est initiée en force, à coup de volonté. La réconciliation peut alors s’avérer factice et ne pas durer.

Le psychologue Jean Monbourquette a mis au point une approche qui invite d’abord à se réconcilier avec soi-même. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’un pardon peut se donner, puis éventuellement une réconciliation, mais là encore rien d’obligatoire. Jean Monbourquette propose ainsi d’examiner ce qui se passe en soi. Par exemple le fait que cela vous faite encore mal, et peut être aussi que vous avez encore envie de vous venger. Il invite également à identifier ce que vous avez perdu dans ce conflit. Souvent, cela peut être une confiance en soi. Votre propre estime a été malmenée. D’autres fois, c’est une croyance dans le fait que vous pouvez faire face à tous les dangers.

Regarder en face ces pertes aide à se positionner différemment vis-à-vis des autres. Ce travail aide à mieux comprendre ses limites. Il y a là un moment délicat à vivre. Il ne s’agit pas de tomber dans le sentiment qu’on est nul, mais de voir comment repartir dans la vie en connaissant mieux ses capacités actuelles.

Ce premier travail permet de se réconcilier avec soi-même. Des rituels peuvent êtres imaginés en ce sens.

Ce n’est que dans un deuxième temps que Jean Monbourquette propose un travail pour pardonner à son agresseur. J’ai bien conscience en rédigeant cet article que l’agression peut être de nature très différente et de gravité très variables. Dans certains cas, par exemple, d’abus sexuels, il me semble très difficile, voire quasi impossible, d’aller jusqu’à un pardon. Pour Jean Monbourquette, on peut simplement confier cela à ce que certains appellent l’Univers, d’autres Dieu, d’autres Plus grand que soi.

Distinguer pardon et réconciliation

Jean Monbourquette distingue aussi pardon et réconciliation. Quelle que soit la nature de l’agression, ce n’est pas parce que l’on a pardonné que l’on doit renouer avec la personne. Il est bon de se laisser du temps pour voir ce qui émerge comme attitude juste dans ce domaine.  

Ce travail peut s’effectuer seul ou bien dans le cadre d’un accompagnement. J’ai observé par exemple que cela aide qu’une personne entende encore la colère présente et le désir de se venger. L’accompagnement peut également aider à identifier la perte. Cette approche est aussi utilisée en mémoire cellulaire pour tester l’étape dans lequel la personne reste bloquée. C’est souvent surprenant de découvrir par exemple que la personne a encore envie de se venger.

Si vous avez des questions sur cette approche, ou si vous souhaitez être accompagné.e, vous pouvez me joindre par mail cultivetestalents@live.fr ou par téléphone 06 20 95 82 40.

Il reste encore quelques places pour participer à la session que j'anime sur ce sujet ce samedi 23 mars à Versailles, renseignements et inscription en cliquant ici

Découvrir les douze étapes du pardon selon Jean Monbourquette

L'accompagnement du deuil selon Jean Monbourquette