Eloge de la colère
La colère n’a pas bonne presse. Mieux savoir se maîtriser et se contrôler. Pourtant, la colère est une émotion précieuse. C’est un signal que nous envoie notre corps. A un moment, il se mobilise. Les muscles se tendent, la mâchoire se serre. Nous sentons que quelque chose ne tourne pas rond.
C’est souvent une indication que des besoins essentiels pour nous sont malmenés. Notre tête minimise, mais notre corps insiste. Ecoute ton ressenti. Nous pouvons alors cadenasser cette émotion, chercher à l’anesthésier au risque que cette tension se loge durablement dans notre corps.
Nous pouvons aussi d’abord prendre le temps de la ressentir (ne cherchons pas trop vite à l’interpréter). Qu'est-ce qui bouillonne en nous ? A quel endroit, la cocotte minute voudrait exploser ? J’ai envie de hurler et je crie, même silencieusement si l’environnement ne me permet pas de le faire. J’ai envie donner des coups de pieds, et je peux au moins donner un coup dans l’air.
Prenons le temps de sentir cette colère, cet élan de vie qui s’exprime. Allons marcher, courir. Et puis demandons-nous quels besoins se dessinent derrière cette éruption. Généralement, il y en a plusieurs. Si vous en identifiez un, attendez de voir si d’autres n’ont pas envie de surgir. Vous pouvez recommencer cette opération plusieurs fois.
Et si la personne liée à votre colère se présente, vous pourrez alors lui faire part de votre agacement et de vos besoins malmenés, peut être avec une intensité moins forte, audible par rapport à votre interlocuteur. Mais cela ne marche pas toujours, Jésus dans le Temple n’a pas pu s’empécher de renverser les tables des marchands, mais son besoin de sacré, il est vrai, était particulièrement malmené. Mais peut être vaut-il mieux se montrer ainsi à notre entourage pour nouer des relations de qualité, les aimer tels que nous sommes.
Lorsque nous nous engageons dans une démarche de développement personnel, nous avons souvent envie de découvrir la belle personne que nous sommes vraiment, derrière nos masques. Mais lorsque nous regardons ce qui se passe à l'intérieur de nous, il y a beaucoup de colère, souvent plus que nous le pensions. Nous ne serions pas ce gentil garçon, cette gentille fille ? C'est ce que nous pouvons penser si nous associons à la colère à du "pas gentil", du "méchant". Il en va autrement si nous regardons ce bouillonnement comme l'expression de besoins qui veulent s'exprimer.
C'est pour cela que la question de la colère apparaît souvent lorsque nous avons envie de vivre au plus près de ce que nous sommes (dans l'une de ces fameuses crises de la trentaine, quarantaine, cinquantaine ...). Nous pouvons alors soit refermer le couvercle, soit laisser cette colère s'exprimer. Plus ou moins maladroitement au début, certainement. Cet ouverture peut s'avérer inconfortable, mais il peut inaugurer une période où l'on est davantage relié à ce qu'il y a de vivant. Alors quand s'y mettre ? Le plus tôt possible avant que le volcan n'explose et envoie tout balader.
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