Dieu n’est pas que tout puissant

 J’ai envie de célébrer la résurrection du Christ avec une citation du théologien Jürgen Moltmann. Il montre dans son livre « Le Dieu crucifié » l’intérêt d’un Dieu qui ne soit pas que tout puissant :

« Un Dieu qui n’est que tout-puissant est un être imparfait en lui-même. Car il ne peut éprouver la faiblesse et l’impuissance. La toute-puissance peut être désirée et honorée par des hommes impuissants. Mais la toute-puissance n’est pas aimée, mais simplement crainte. Quelle espèce d’être sera donc un Dieu qui n’est que tout puissant ? C’est un être sans expérience, un être sans destin et un être qui n’est aimé par personne. Un homme qui éprouve la fragilité, qui souffre parce qu’il aime, qui peut mourir est donc un être plus riche qu’un Dieu tout puissant, incapable de souffrir ni d’aimer. » Les chrétiens croyons en ce Dieu à la foi faible et d’une puissance telle qu’il ressuscite ! Que Dieu meurt sans talent apparent sur la croix, dans l’échec le plus total et ressuscite le troisième jour et se remet en route.

Dans le dialogue avec le développement personnel, il est souvent question de spiritualité, les pratiquants affirment volontiers croirent en une présence, une force. Mais qui est elle ? Dans certains cas, j’ai le sentiment qu’il s’agit seulement d’une figure maternante censée nous protéger de tous les aléas de l’existence, un super papa protecteur, celui que dénonce Freud avec raison.

A Pâques, les chrétiens célébrons la résurrection de celui qui a traversé la mort, sans être sauvé in extemis sur la Croix. Dieu père n’a pas cette toute-puissance-là. Mais il ressuscite son fils, dans une toute-puissance qui triomphe tout de même de la mort. Nous voilà bien au cœur d’un dialogue constructif entre foi et développement personnel. Qui ne confronte pas ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, mais différentes façons de croire, invitant à creuser notre représentation et notre relation à Dieu. Bonnes fêtes à tous.