Avant de chercher à comprendre, prendre soin du corps et du coeur
Ce jeudi après-midi, j’ai eu une curieuse impression d’être à plat, comme vidé. La tragédie de Toulouse vient de se conclure par la mort de celui qui s'appelait donc Mohamed Merah. Les médias nous en apprennent plus sur sa vie, des spécialistes cherchent à comprendre l’incompréhensible. Comme citoyen, j’aimerais aussi savoir. Mais aucune analyse ne me satisfait pleinement. Il est sans doute trop tôt. Nous manquons de recul. Mon cerveau voudrait bien être apaisé par une bonne explication convaincante. Je guette sur les réseaux sociaux l’article de l’expert qui proposera la nouvelle étude sur l’islam, les banlieues, la société française.
Puis en sortant du boulot, j’ai découvert qu’il faisait beau. La douceur de cette fin d’après-midi m’a touché par sa délicatesse. Et j’ai décidé de m’arrêter à une terrasse. Mon cerveau limité était en surchauffe. Mais je sens surtout mon corps comme malaxé, broyé par l’horreur du cauchemar que nous venons de vivre. Comme si on l’avait laissé dans une lessiveuse.
Ce vendredi matin, je me réveille en comprenant que le corps pensant, le corps parlant que je suis est encore meurtri. J’ai besoin de le détendre, de le laisser respirer. Avec mes trucs à moi, par exemple écouter une méditation de Christophe André pour décontracter les muscles. Il me semble que cette façon dont nos neurones cherchent à être rassurés peut nous empêcher de sentir combien nous sommes d’abord touchés par ce qu’ont vécu les familles de Toulouse et Montauban, les voisins, peut-être même les proches de ce Mohamed Merah.
Je crois aussi qu’une part de ce qui est arrivé nous échappera toujours car elle concerne ce qu’on appelle le mal, l’existence de forces destructrices à l’oeuvre. Lesquels cherchent à trouver tout un tas de justifications pour détruire la vie des autres, la sienne. A l’occasion, elles peuvent se cacher derrière des raisons religieuses, mais n’entrons pas dans leur jeu en assimilant trop vite les religions à ces forces-là.
Mercredi soir, j’ai animé un atelier sur le pardon au Forum 104 et l’un des participants a rappelé cette invitation de Jésus. Avant d’aller à la synagogue, va d’abord te réconcilier avec ton frère. J’aurais envie de dire plus modestement, avant de proposer une analyse brillante, allons serrer la main de nos frères juifs, musulmans et les autres, peut-être même les embrasser. De quoi nourrir le corps et le coeur, notre cerveau nous remerciera de lui donner d’autres expériences à vivre.
PS ; je joins la recension de mon livre "Traverser les épreuves, une médiation du chemin de croix" paru dans la croix, Un grand merci à son auteur Bruno Bouvet.
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