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Étienne Séguier

Quand le Pape Francois invite à faire preuve d'empathie

23 Juillet 2013, 14:18pm

Publié par Etienne Séguier

Lors de son premier discours prononcé au Brésil, le lundi 22 juillet le Pape Francois a fait l’éloge du dialogue, en invitant chacun à faire preuve d’empathie. “Pour conclure, je demande à tous la gentillesse de l’attention et, si possible, l’empathie nécessaire pour établir un dialogue entre amis.” C’est à ma connaissance la première fois qu’un pape utilise ce mot qui appartient plutôt au vocabulaire de la psychologie. Il est vrai que Jorge Bergoglio a donné des cours dans cette matière et que les Argentins sont connus pour porter un grand intérêt à cette approche.

L’empathie vient de en (dedans) et pathie (émotion). Elle désigne la faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent. Selon le thérapeute Carl Rogers : « L'empathie consiste à saisir avec autant d'exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d'une autre personne et à les comprendre comme si l'on était cette autre personne. »

On comprend mieux la formule du Pape Francois invitant “si possible” à faire preuve d'empathie. Cette attitude n’est guère évidente. Elle exige que l’on adopte un autre regard sur les événements pour comprendre l'autre comme si l'on était cette personne. Lorsque je présente cette notion durant les formations, c'est souvent à ce moment qu'apparaissent les premières réticences. « Comment peut-on faire preuve d'empathie lorsque l'on est en désaccord avec son interlocuteur ? » Mais comprendre n'est pas valider. L'empathie invite à prendre le temps de voir le monde avec les lunettes de son vis-à-vis, mais elle n'implique pas que l'on soit d'accord avec sa vision.

En communication bienveillante, nous utilisons l'image des deux collines. Je suis sur ma colline et mon interlocuteur est sur la sienne. Faire preuve d'empathie revient à aller sur sa colline pour découvrir comment il perçoit la réalité. Cela prend du temps. Trop souvent nous croyons spontanément sentir ce que l'autre ressent. Mais en réalité, nous projetons sur lui des souvenirs de ce que nous avons vécu dans une situation qui nous semble similaire. Un travail sur soi permet d'identifier toutes ces projections. Aller sur la colline de l'autre n'empêche pas de revenir ensuite sur la sienne. Autrefois, un certain discours chrétien prônait l'oubli de soi. Mais nous savons désormais que si l'on ne s'écoute pas un peu, notre corps se charge de nous rappeler à plus de bienveillance avec nous mêmes.

Depuis le début de son pontificat, le Pape François tente de bâtir des ponts, entre les générations, avec les sans-papiers, entre les cardinaux, comme pour inviter chacun à faire l'expérience d'aller sur la collines de l'autre. Mais ne serait-ce pas encourager ce que Benoît XVI appelle le relativisme. Si tout ne se vaut pas, si j'ai des convictions, à quoi bon chercher à comprendre celles de mon interlocuteur ? Les deux approches ne me semblent pas s'opposer. Il est possible d'être clairement situé tout en étant lucide sur le fait que nous ne comprenons pas totalement l'appel du Christ. Que sa vérité nous empêche toujours un peu. Le pape Francois rappelle ainsi que la vérité est aussi un chemin où l'on fait de belles rencontres.

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Dépliant communication bienveillante Saint Hugues.

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M
Oui, je partage bien ton analyse, Etienne, du mot empathie d'abord d'inspiration rogérienne. Carl Rogers est un psychologue qui a pointé l'importance de l'accueil inconditionnel de la personne. C'est bien, je crois, le mouvement que le Pape François cherche à provoquer, et notamment en direction des plus pauvres.<br /> Sur un plan de la communication, la technique de l'apposition proposée par Jacques Salomé est aussi intéressante pour sortir des confrontations stériles &quot; J'ai raison et je vais te convaincre que j'ai raison et tu as donc tort&quot;. Apposer, c'est mettre à côté, dans deux balances équilibrées chaque point de vue. &quot;Toi, tu penses que..., ok j'entends et moi, de mon côté, j'estime que....&quot; Cela s'avère en pratique souvent un premier pas de compréhension pour maintenir un dialogue respectant chacun dans ses valeurs et ses conviction. <br /> Cordialement, Michel BERNARD,
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E
Le grand commandement, aimer Dieu, aimer son prochain comme soi même. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? A travers cette notion d'empathie, le pape François nous aide à le mettre en œuvre, c'est très précieux.<br /> Encore une fois, n'ayons pas peur, l'Ecoute bienveillante permet un enrichissement mutuel. <br /> Merci de le rappeler, et de développer les outils qui favorisent la relation. Car elle est source de Vie.
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E
C'est vraiment un pape qui revient à l'essentiel.