Quand le Pape Francois invite à faire preuve d'empathie
Lors de son premier discours prononcé au Brésil, le lundi 22 juillet le Pape Francois a fait l’éloge du dialogue, en invitant chacun à faire preuve d’empathie. “Pour conclure, je demande à tous la gentillesse de l’attention et, si possible, l’empathie nécessaire pour établir un dialogue entre amis.” C’est à ma connaissance la première fois qu’un pape utilise ce mot qui appartient plutôt au vocabulaire de la psychologie. Il est vrai que Jorge Bergoglio a donné des cours dans cette matière et que les Argentins sont connus pour porter un grand intérêt à cette approche.
L’empathie vient de en (dedans) et pathie (émotion). Elle désigne la faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent. Selon le thérapeute Carl Rogers : « L'empathie consiste à saisir avec autant d'exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d'une autre personne et à les comprendre comme si l'on était cette autre personne. »
On comprend mieux la formule du Pape Francois invitant “si possible” à faire preuve d'empathie. Cette attitude n’est guère évidente. Elle exige que l’on adopte un autre regard sur les événements pour comprendre l'autre comme si l'on était cette personne. Lorsque je présente cette notion durant les formations, c'est souvent à ce moment qu'apparaissent les premières réticences. « Comment peut-on faire preuve d'empathie lorsque l'on est en désaccord avec son interlocuteur ? » Mais comprendre n'est pas valider. L'empathie invite à prendre le temps de voir le monde avec les lunettes de son vis-à-vis, mais elle n'implique pas que l'on soit d'accord avec sa vision.
En communication bienveillante, nous utilisons l'image des deux collines. Je suis sur ma colline et mon interlocuteur est sur la sienne. Faire preuve d'empathie revient à aller sur sa colline pour découvrir comment il perçoit la réalité. Cela prend du temps. Trop souvent nous croyons spontanément sentir ce que l'autre ressent. Mais en réalité, nous projetons sur lui des souvenirs de ce que nous avons vécu dans une situation qui nous semble similaire. Un travail sur soi permet d'identifier toutes ces projections. Aller sur la colline de l'autre n'empêche pas de revenir ensuite sur la sienne. Autrefois, un certain discours chrétien prônait l'oubli de soi. Mais nous savons désormais que si l'on ne s'écoute pas un peu, notre corps se charge de nous rappeler à plus de bienveillance avec nous mêmes.
Depuis le début de son pontificat, le Pape François tente de bâtir des ponts, entre les générations, avec les sans-papiers, entre les cardinaux, comme pour inviter chacun à faire l'expérience d'aller sur la collines de l'autre. Mais ne serait-ce pas encourager ce que Benoît XVI appelle le relativisme. Si tout ne se vaut pas, si j'ai des convictions, à quoi bon chercher à comprendre celles de mon interlocuteur ? Les deux approches ne me semblent pas s'opposer. Il est possible d'être clairement situé tout en étant lucide sur le fait que nous ne comprenons pas totalement l'appel du Christ. Que sa vérité nous empêche toujours un peu. Le pape Francois rappelle ainsi que la vérité est aussi un chemin où l'on fait de belles rencontres.
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