Avent 2012 : douceur et combativité
Cette semaine débute la période de l’Avent durant laquelle les chrétiens se préparent à accueillir la naissance de Jésus. J’ai longtemps espéré arriver le 24 décembre totalement détendu, en harmonie avec la quiétude de ce nouveau-né. J’ai essayé plusieurs approches: prendre une semaine de congés avant, suivre une retraite sur Internet, méditer trente minutes les trois derniers jours. Tout cela est bon. Mais je ne suis jamais parvenu à arriver en paix pour le réveillon. Il y a toujours quelque chose qui me contrarie un peu.
Ce samedi 1 er décembre, j’ai animé une table ronde à l’occasion des quarante ans de l’École française de yoga. Le thème de la journée était passer de la peur à la confiance. Dans le débat du matin, les participants ont noté un malentendu concernant leur discipline. De plus en plus de pratiquants viennent chercher de quoi ne plus souffrir, comme un tranquillisant contre la douleur. Alors que l’approche de cette école entend au contraire proposer un outil, certes qui permet d'apaiser son angoisse, mais sans prétendre la supprimer. Une façon de se tenir dans l’existence afin de demeurer en mouvement, d’accepter son “intranquillité” selon la belle expression de l’écrivain portugais Fernando Pessoa.
“Nous avons parfois plus peur de vivre que de mourir” a expliqué la psychanalyste Anne Dufourmantelle auteur de “Éloge du risque”. “Nous naissons d’une autre personne et nous mettons toute une existence à accepter de vivre cet état d’être séparé.”
Ces échanges me parlent aussi de la période de l’Avent. Le nourrisson que nous fêtons a appris aussi à faire preuve de combativité. Il n’a pas fui les épreuves, en prenant des cachets d’aspirine. La foi n’est pas un tranquillisant pour période de crise. Elle donne la force de sentir et qui sait apprécier la différence des êtres qui nous entourent sans pour autant cesser de cultiver ses propres talents. Elle accepte l’interaction et les frottements. Cette période de l’Avent est peut-être là pour nous exercer à trouver cet équilibre entre douceur et combativité. Il ne s’agit pas d’arriver totalement détendu, mou, flasque le 24 décembre, mais plutôt dans une belle présence, à soi, aux autres, au Tout autre. Bonne présence à tous.
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