“Qui a envie d’être aimé ?” ou la suite du fils prodigue
L’autre soir, je suis allé voir “Qui a envie d’être aimé ?”, le film de Thierry Bizot. Comment un père de famille, avec un travail prenant, une épouse attachante, des enfants remuants, trouve tout de même le temps de fréquenter un groupe de recommençants. Comment il est touché par ces rencontres où l’on parle de de Dieu, de la foi, en remettant les choses dans l’ordre, à savoir toutes ces histoires ont un lien avec le fait d’avoir envie d’être aimé.
Par Dieu sans doute, mais aussi ses proches, sa femme, ses enfants. Parmi les belles choses de ce film, il y a l’histoire de ce père de famille avec son propre père. Dans ces partages sur la foi, il entend que Dieu est aussi “Notre père”. Une phrase que l’on répète machinalement, mais qui pour une majorité de concitoyens s’avère incompréhensible. Son père à lui n’est pas doué pour les déclarations, il ne sait pas non plus serrer son fils dans ses bras. Et en plus, il semble qu’il déteste gérer les conflits entre son fils et son frère. Allez croire que Dieu est père dans ces conditions-là.
Le film montre comment cette affirmation que Dieu est Père l’invite à sortir de sa résignation vis-à-vis de son père à lui. Avec cet être distant et maladroit, il peut se vivre à nouveau quelque chose, de l’ordre d’une relation vivante. Comme on dit dans les colloques sur la catéchèse, expérimenter à la fois “le contenu et l’expérience de la foi”. Le contenu l’invite à revisiter sa filiation, l’expérience donne de la réalité à ce programme. Il apprend à son tour à faire preuve d’attention vis-à-vis de son propre fils. Le miracle se produit, la vie abonde à nouveau.
Dans “Qui a envie d’être aimé ?”, Thierry Bizot cite la fameuse parabole du fils prodigue. L’histoire parle évidemment des deux fils, celui qui reste et celui qui part. Il me semble que l’on peut se retrouver tour à tour dans les deux figures. Il n’y a pas de foi personnelle, si on ne quitte pas son cocon familial. Mais je trouve que l’on caricature souvent aussi celui qui reste. Dans ce film, le père de famille s’identifie aussi au fils qui est resté. Il montre pour ainsi dire la suite de la parabole. Une fois accueilli le retour du fils prodigue, que s’est-il passé pour le fils aîné ? Peut être ce que vit le héros du film, il a pris le temps d’exprimer sa colère à son père, ses besoins aussi de sentir davantage son affection.
C’est ainsi que se transmet aussi la foi, avec des pères âgés qui n’ont guère été habitués à exprimer leurs sentiments, mais qui essayent de s’y mettre malgré tout, en pensant qu’il n’est pas trop tard. Et des fils, déjà bien engagés dans la vie qui s’extirpe de leur carapace de “gars qui ont réussi” pour reconnaitre qu’ils ont encore beaucoup à apprendre et à vivre.
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