Etre parfait comme le père céleste
L’évangile de ce dimanche, le fameux sermon sur la Montagne (matthieu 5, 38 48), constitue le genre de passage de l’Évangile que je “comprends” mieux depuis que je me suis aventuré sur le chemin du développement personnel. Disons plus exactement que je sens désormais porteur de vie, de vitalité, d’ouverture.
“Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait”. C'est-à-dire comme l'explique Mgr Giraud (sur son compte twitter) en commençant par accepter son imperfection. Un outil comme l’ennéagramme aide à se risquer sur ce chemin en proposant deux sentiers. Tout d’abord aller creuser en soi même, en accueillant ses émotions, sa colère, sa tristesse, ses peurs. Il s’agit d’être parfaitement humain, en portant son attention à ce qui se présente de vivant en soi.
Seconde piste : cultiver la légèreté, la joie. Là encore, ce genre de chose se quantifie difficilement avec une balance et un décamètre. Nous cessons de fixer notre regard sur du quantitatif pour aller vers du qualitatif. La perfection se fait plus ronde.
Mais dans ce sermon, le Christ va plus loin, ou disons ailleurs, en insistant sur l’accueil de l’ennemi. Qui est-il ? Qui sont-ils ? Avec le développement personnel, j’ai pris conscience du mécanisme de projection. En gros, je reproche aux autres mes faces plus sombres, mes ennemis intérieurs, les “méchants” comme le nomme le sermon.
Dans le texte, le Christ propose des pistes pour les apprivoiser. Par exemple, si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fait en deux mille avec lui. En marchant en sa compagnie, tu vas découvrir d’autres façons d’avancer, tu vas te réconcilier avec ce qui en toi hésite à cheminer, au moins laisser une chance de s’exprimer à ces résistances. Idem pour celui qui te sollicite pour un emprunt, donne-lui, libère ta capacité à donner, ce que tu crois avoir de plus précieux. Expose ton talent auprès des autres pour le faire grandir.
C’est avec la communication bienveillante que j’ai appris ainsi à aller sur la colline de l’autre, pour entendre ses attentes, ses besoins dans une situation, à travers une relation. Leur étrangeté me révèle celle de mes propres attentes. La partie “imparfaite” de moi-même, celle que je ne peux présenter aux autres comme j’expose des projets lors d’une conférence bien ficelée, mais qui demande à grandir comme un grain de moutarde, au printemps, au début du carême .
Nous pouvons entrer ainsi dans une démarche spirituelle qui consiste à se laisser unifier, non en élaguant ce qui a d'imparfait en nous. Mais au contraire en laissant se rencontrer, féconder, nos côtés bien ordonnés de nous-mêmes et ceux en jachère. Un côté qui tranche et martèle, un autre qui accueille et doute. Laisser aussi notre entourage vivre ainsi. Etre finalement parfait comme le Père céleste est parfait. Beau programme pour avancer vers Pâques.
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