Myla et Jon Kabat-Zinn : la pleine conscience, ce n'est pas mettre à distance les moments douloureux
J’ai participé ce mardi à une journée organisée par Myla et Jon Kabat-Zinn sur la façon d’être parent en pleine conscience. Ils en ont profité pour présenter à nouveau la méditation de pleine conscience promue en France par Christophe André. Dans cette approche, il est parfois conseillé d’observer ses pensées comme l’on regarde des nuages défiler devant soi. Dans la présentation, les deux intervenants ont aussi précisé que cette pleine conscience avait pour objet d’être au plus près de ce que nous vivons instant après instant.
J’ai demandé alors à Jon : “que faire avec cette image des nuages qui défilent. Est-ce pour mettre à distance nos pensées ou bien demeurer avec ce que nous sentons ? “ Pour le dire autement, serait-ce un truc pour nous débarrasser d’images et de sensations inconfortables ? Jon a répondu que cette image des nuages n’était pas destinée “à mettre à distance”, “repousser” ce que nous vivons d’inconfortable, mais “connaître avec plus d’intimités nos émotions”. Son épouse Mylà a ajouté : la pleine conscience n’est pas une technique pour être heureux, mais vivre pleinement ce qui nous arrive, instant après instant.
J’ai le plaisir d’animer aux États généraux du christianisme organisés par La vie une conférence sur la méditation avec un chrétien (le père patrice Gourrier) et un représentant de l’union bouddhiste. Ces précisions de Myla et Jon Kabat-Zinn me semblent précieuses. Cette attention à la pleine conscience a pour vocation de nous aider à être pleinement présents, en accueillant aussi les moments de colère, de tristesse, de peur. Sans chercher à s’en débarrasser immédiatement. Méditer invite à être plus présent pas à créer un sas de sérénité.
Cette semaine, l’un des évangiles nous rappelle cette image de Jésus (Luc 9,57-62) qui explique “Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu”, qui est l’une de ces nombreuses invitations à vivre dans le moment présent conscients de ce qui nous arrive. La pleine conscience est au coeur de nombreuses traditions religieuses, chez les bouddhistes, mais aussi chez les chrétiens. N’étant pas spécialiste du bouddhisme, je me garderai bien d’évoquer leur approche de ces instants présents même si de bons amis vivant de cette tradition nuancent beaucoup l’idée qu’elle se confonde sur la notion de vide.
Pour ce qui est de la tradition chrétienne, Jésus invite à la fois à vivre ce moment présent en portant ce qui peut y avoir d’aride, en portant sa croix, dirait-on. Ce qui signifie au moins deux choses. Un refuser de se prendre pour une victime. Deux reconnaitre qu’il est souvent difficile de distinguer le bon grain de l’ivraie. Bonne journée pleinement consciente et peut-être au plaisir de prolonger nos échanges lors de la table ronde des états généraux.
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