François, l'art de nous inviter à entrer en nous mêmes
En parcourant la biographie du nouveau Pape Francois, j'ai découvert qu'il a suivi des études de psychologie et enseigné cette matière. Ce goût de l’ancien cardinal de Buenos Aires pour les thèses de Freud n’est pas une surprise de ce côté de l’Amérique, car l’Argentine est la seconde patrie de la psychanalyse (avec la France). Pour ma part, j'y vois aussi un lien avec la vie de Francois d'Assise, même s'il ne parlait pas explicitement d'inconscient à son époque.
Je prendrais deux exemples. Le premier est celui de la rencontre avec le loup de Gubbio. Cet animal terrorisait tout un village, mais François n’hésita pas à le rencontrer pour lui parler. Pour agir ainsi, encore faut-il avoir travaillé sur soi. Notre existence ne manque pas de loups terrifiants devant lesquels nous avons envie de fuir en courant. Mais que parfois nous affrontons en les appelant par leurs noms : peurs de ne pas être à la hauteur, de déplaire, de souffrir … De cette confrontation, nous pouvons sortir pacifiés, en tout cas plus ouverts à ce que nous ne maîtrisons pas.
Ce n’est pas le seul moment de la vie de Francois d'Assise où il a proposé ce travail. Je songe au passage où il a embrassé le lépreux. Délaisser la carrière prometteuse de marchand constituait déjà un acte courageux de sa part, mais embrasser le lépreux lui permet d'initier une réconciliation avec lui-même. Là encore, Francois nous invite à nous retourner vers ce qui nous semble se décomposer et embrasser ce côté plus sombre. En cela, il se situe davantage du côté des travaux du psychologue Carl Gustav Jung pour qui l’inconscient accueille nos ressources cachées, l’autre côté de nous même qui ne correspond pas à ce que notre entourage (familial, professionnel, social) semble attendre de nous.
Pour effectuer cette conversion, nous pouvons compter sur nos propres forces, mais aussi sur celle de Dieu. Ce travail est à la fois divin et humain. C’est le talent de saint François d’inviter un large public à cultiver ainsi son intériorité. Il n’est pas besoin d’avoir suivi de longues études de psychologie pour le sentir. Les mythes et les légendes introduisent depuis des siècles à cette rencontre dans les profondeurs de son être.
Cette démarche me semble incontournable pour accéder à ce que l'on appelle une sobriété heureuse, autour d'une consommation raisonnée et une joie abondante. En ce nouveau pontificat, je formule le voeu que le Pape François trouve aussi des gestes forts pour encourager ceux qui cherchent à conjuguer ce travail sur le psychisme et la foi. Il en va de l'avenir des loups et des lépreux que nous côtoyons à l'intérieur et à l'extérieur de nous, en attente d'un peu d'attention.
PS : il reste encore quelques places pour la formation que j'anime à côté de Grenoble, les 23 et 24 mars, pour
découvrir la communication bienveillante, autour de cette bienveillance chère à Francois d'Assise (voir information ci contre)
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