Des sondages, du vote et du souffle
Ces derniers jours, nous avons donc tous été sondés pour savoir pourquoi nous avons choisi un candidat plutôt qu’un autre. Des enquêtes nous ont demandé de hiérarchiser nos priorités. Il est bon de comprendre en effet chaque mouvement de l’opinion. Nous serions donc des électeurs rationnels, pouvant expliquer en trois points notre vote. De fait, c’est tout à notre honneur d’avoir étudié les programmes et d’attendre que les hommes politiques tiennent leurs engagements.
Mais dans le secret des urnes, d’autres facteurs entrent en compte : l’intuition, un coup de coeur, notre histoire, nos fidélités anciennes ou plus récentes. Nous sommes construits ainsi. Nous avons la capacité de faire confiance, de croire en d’autres personnes imparfaites, limitées.
Je suis parfois surpris par la tentative de certains chrétiens d’enfermer les croyants dans un ou deux critères, une ou deux consignes. Comme si la foi se résumait à un ou deux points. Dans ce que je comprends de la démarche de Jésus, il y a cette question du souffle que nous nous apprêtons à célébrer à la Pentecote. Il souffle partout, nous ne savons pas ni d’où il vient, ni où il va. Nous ne pouvons mettre la main dessus. Selon ce que je lis dans la Bible, nous serions un mélange d’argile et de souffle. L’argile pour donner de la consistance à notre existence, faite de choix, de ténacité, le souffle pour laisser de l’inattendu advenir.
Ce que j’apprécie dans la foi chrétienne, c’est justement cette insistance à présenter l’être humain comme une personne mystérieuse. Avec du solide, mais aussi des espaces. Notre société survalorise les clichés sur les jeunes, les vieux, les chrétiens (les Parisiens, les Marseillais…). Nous excellons dans l’art d’enfermer chacun dans un ou deux traits de caractère.
Ce risque est également présent lorsque l’on suit certaines formations en développement personnel qui prétendent détenir La connaissance sur les personnes. J’aime bien encourager chacun à se former à au moins deux techniques. Cela limite les tentations d’idéaliser une méthode. L’engouement pour la méditation me semble aussi traduire ce désir de ne pas s’enfermer dans un regard étriqué sur nous-mêmes. En nous centrant sur le souffle, nous laissons nos pensées (brillantes ou non) s’éloigner. Et si nous sommes chrétiens, cet espace libéré peut offrir un lieu de rencontre. Qui nous confortera ou nous déroutera, nul ne peut le dire à l’avance.
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