Accords Toltèques et corrections fraternelles
Ce dimanche 21 octobre, Don Miguel Ruiz était de passage à Paris pour donner une grande conférence à la Maison de la chimie. Son nom vous est peut-être familier. Il est l’auteur d’un best-seller intitulé les quatre accords toltèques (quatre millions d’exemplaires vendus dans le monde). Ce sont quatre principes à appliquer dans la vie, issus de la sagesse des toltèques, peuple Indiens ayant vécu entre 950 et 1500 après JC au Mexique.
L'un de ces principes, le second, m'a séduit :
« Ne réagissez à rien de façon personnelle»
« Ce que les autres disent et font n'est qu'une projection de leur propre réalité, de leur rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n'êtes plus victime de souffrances inutiles. »
Ce conseil peut nourrir une bonne résolution, tant nous avons tendance à toujours prendre tout de façon personnelle. Un peu de mise à distance peut faire du bien. Au moins envisager que tout n'est pas systématiquement une attaque personnelle constituerait déjà un gros progrès. Cette pratique permet en tout cas d’éviter de se prendre pour une victime, ce qui peut parfois être une tentation.
Pour autant, ce principe ne me satisfait pas totalement. Est-ce que vraiment « ce que les autres disent et font n'est qu'une projection de leur propre réalité, de leur rêve ? » N'existe-t-il pas des personnes qui s'intéressent de temps en temps vraiment aux autres, à vous ? Le christianisme valorise ainsi ce que l’on appelle la correction fraternelle, laquelle est sans doute à manier avec beaucoup de précautions. Mais elle insiste sur le fait que nous sommes des êtres de relations, en interaction, en frottements avec notre entourage. Ces contacts peuvent nous appeler à évoluer, à nous transformer.
Cet attrait pour les accords Toltèque traduit une conception d’un Dieu, "l'Etre" par excellence, Un, l'Unique, le créateur de la réalité de notre univers. Nous pouvons le sentir à l’intérieur de nous comme une force qui rayonne. Et pas certains côtés, l’Esprit saint peut évoquer cette dimension. Mais ce Dieu-là n’est pas en soi relation, il n’est pas engagé dans une dynamique d’alliance, nous ne pouvons lui parler, il ne peut nous appeler à le suivre. Il n'est pas engagé dans une co-création qui avance en même temps que l'humanité.
A travers la conception portée par les accords Toltèques, chacun cherche “à faire de son mieux” et à "avoir une parole impeccable” (deux autres des quatre accords), afin de ne pas empiéter sur l’espace de l’autre. Dans une sorte de respect qui peut tourner à de l’indifférence. Avec le christianisme, les relations sont moins simples, mais j'allais dire probablement plus riches. Dieu nous invite à cultiver nos talents, à prendre le risque d’être nous-mêmes, mais en montrant ses talents au grand jour, dans une interaction avec les autres, mêmes si c'est parfois-souvent inconfortables.
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