Découvrir la communication bienveillante
Fondée en 1966 par l’Américain Marshall B Rosenberg. cette approche n’est arrivée que récemment en France. C’est le docteur David Servan-Schreiber qui l’a fait connaître en 2003 auprès du grand public français, dans son best-seller « Guérir ». Mais ce nouveau langage tient aussi un ambassadeur de talent avec le Belge Thomas D’Ansembourg, auteur du livre « Cessez d’être gentil, soyez vrai », lui-même enseignant de cette discipline. Cette méthode ne prétend pas éradiquer définitivement toutes formes de violence en nous-mêmes. Elle nous enseigne plutôt à écouter nos colères et plus largement le tumulte de vie qui ne demande qu’à jaillir en nous. Elle excelle dans l'art « d'approcher et de transformer de façon constructive les conflits » pour reprendre une formulation chère au formateur Hervé Ott, proche de cette sensibilité. Durant un conflit, elle invite à résoudre un conflit en suivant quatre étapes que voici :
1) Observez tout d’abord la situation de conflits de façon neutre, à la manière d'un scientifique décrivant une expérience. Ou comme un journaliste distinguant les faits des commentaires. Vous évitez ainsi de relancer les hostilités, tout en ouvrant le dialogue. Plutôt que « tu es encore en retard », préférez « nous avions rendez-vous à 19h00, il est 19h30 ».
2) Puis nommez les sentiments que vous ressentez. Par exemple, quand je vois que tu arrives à 19h30, je me sens triste, confus, partagé, perplexe, en colère. Nous n'avons guère l'habitude d’identifier clairemement nos sentiments. Au début, vous pouvez vous sentir démunis face à la pauvreté de votre vocabulaire pour traduire ce qui bouge en vous. Avec le temps, vous enrichirez votre dictionnaire personnel pour décrire vos émotions. À ce stade, vous pouvez avoir encore envie d'accabler l'autre, mais alors vous ne pourrez pas vous relier à votre propre ressenti. À vous de choisir.
3)Trouvez ensuite le ou les besoins insatisfaits qui sont à l’origine des sentiments ressentis. Par exemple, la tristesse que je ressens en ce moment me permet de prendre conscience que mon besoin de respect n’est pas satisfait. L’éducation chrétienne ne valorise pas toujours cette attention à nos besoins. Et il faut un peu d’entraînement pour identifier ceux que révèlent nos émotions. Est-ce une soif d’expression, d’affirmation, d’intégration, d’appartenance, de recueillement, de solitude, de clarification ? Nos attentes peuvent s’avérer très simples : se reposer, boire un verre d’eau. Mais elles peuvent s’avérer aussi plus complexes, lorsque l’on ressent des besoins d’harmonie, de beauté, d’authenticité, d’amour. La CNV ne promet pas de les exaucer immédiatement, mais elle enseigne que nous augmentons considérablement nos chances de les satisfaire si nous prenons conscience de leur existence.
Le mot « besoin » est à prendre de façon large. Il évoque souvent des attentes presque physiologiques, mais peut traduire ce que d'autres appellent plus communément des désirs. Marshall Rosenberg évoque plus largement « nos aspirations, nos souhaits, nos valeurs » et « tout ce qui peut contribuer à embellir la vie ». Après avoir identifié des besoins visant à muscler notre personnalité, nous pouvons découvrir d’autres moins centrés directement sur nous même, davantage au service d’une collectivité.
4) Formulez enfin une demande afin de répondre à votre besoin. À vous-même ou à une personne de votre entourage. Cette demande doit être concrète, réalisable, positive, au présent et précise, pour que votre interlocuteur puisse la comprendre. Et enfin ouverte au dialogue pour tenir compte de ses besoins. À titre d’exemple, si je dis à mon enfant : « ta chambre est dans une pagaille pas possible, range-moi tout cela », je ne suis pas certain de déclencher une réaction enthousiaste. Si j’exprime plutôt : « Quand je vois ton pantalon au pied de l’armoire et tes cahiers sur le lit (Observation). Je me sens découragé (sentiment), car j’ai besoin d’ordre dans la maison et d’aide pour assurer cet ordre (besoin), serais-tu d’accord pour ranger tout cela ce matin (demande) ? » Le dialogue peut commencer. Mon enfant peut alors me répondre : « quand je vois que nous sommes dimanche, qu’il est huit heures du matin (observation), je me sens en colère (sentiment), j’ai besoin de dormir ; est-ce que tu serais d’accord pour reprendre cette conversation à onze heures ! » Le dialogue peut commencer, permettant de trouver plus qu’un compromis, une solution intégrant les besoins de chacun.
Selon votre personnalité, vous serez plus à l’aise avec une des quatre étapes et moins avec une autre. Par exemple, l’observation vous semblera facile, mais l’expression de vos émotions sera plus laborieuse. D’autres auront plus de mal à reconnaître leurs besoins, d’autres à formuler une demande. À vous de repérer l’étape que vous avez besoin de travailler. L’association pour la communication non violente propose en France, en Belgique et en Suisse un cycle d’initiation sur trois fois deux jours ainsi que des groupes de pratique pour s’entraîner à ce nouveau langage. Voici une brève présentation de cette méthode pour vous donner le gout de vous initier à votre tour.
Commenter cet article