Des gestes simples (pour faire quelque chose de ma colère)
Au lendemain de l'attentat contre l'équipe de Charlie Hebdo et des deux policiers, et alors que je sens déjà monter en moi l'overdose de débats, j'ai envie de proposer des gestes simples à poser pour que la logique de la vie triomphe sur les forces de mort. Ils n'ont d'autres prétentions que d'entretenir cette petite lumière. Si le cœur vous en dit, faites moi connaître vos propres gestes.
Ce matin, j'ai commencé par aller arroser mes plantes. Après les premiers grands froids, dans nos appartements bien chauffés, elles manquent d'eau et se dessèchent. Et j'en ai profité pour mettre de la crème hydratante sur ma propre peau qui se flétrit. Nous sommes ces êtres de muscles, parfois tendus, qu'il faut assouplir pour accueillir encore la vie qui ne cesse de se donner.
Puis j'ai appelé ma mère qui vit désormais seule, pour partager sur les évènements. Briser la solitude de ceux qui reçoivent ses atrocités en pleine figure, en pleins corps sans pouvoir échanger avec d'autres humains. Permettre à tous de dire non à l'intolérable, l'émotion doit être verbalisée, comme on dit en coaching, sinon elle s'incruste en nous et entonne sa musique dépressive.
Ma mère m'a alors donné une idée : appeler ce proche né en France d'un père algérien, dont le lien principal à l'islam est de pratiquer le ramadan. Je ne sais s'il se déclare musulman car nous n'en avons pas parlé depuis longtemps, mais dans les jours qui viennent il risque encore de morfler.
Puis j'aimerais prendre le temps d'aller ce week end me promener dans le bois de Vincennes, à côté de chez moi, marcher, déposer ma colère, et peut être entendre le fin silence, comme un murmure de celui que je nomme Dieu. Avec cette immense curiosité de savoir ce qu'il pourra bien me dire, dans la confiance qu'il m'aidera à demeurer humain.
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