Les pratiques narratives et le manque de reconnaissance
Parmi les outils que j'utilise en coaching, l'approche narrative est sans doute la moins connue du grand public. Mais elle me semble tout à fait pertinente dans des biens des situations. Sans prétendre vous la présenter (voir le site australien de l'approche narrative), j'aimerais vous donner un exemple à travers la question du « manque de reconnaissance ». Ce thème revient régulièrement durant mes accompagnements.
Nous pouvons l'aborder comme une difficulté interne à la personne, liée sans doute à son histoire, à sa personnalité. Il lui manque quelque chose pour être valorisée. Et elle attend du coaching que je l'aide à identifier cette déficience et que l'on trouve ensemble les moyens d'acquérir cette compétence qui lui fait défaut. Souvent, la personne a une idée du diagnostic et elle a déjà essayé de se former pour remédier à cette situation. Si elle vient me voir, c'est qu'elle imagine que mon diagnostic sera plus fin et que j'aurais des techniques plus efficaces pour faire face à cette difficulté interne. Parfois, la personne a déjà effectué un travail d'introspection, lui permettant d'identifier la ou les blessures qui expliquent son manque de valorisation, mais sans trop savoir que faire avec ce constat. Dans le fond, elle n'est pas loin de penser qu'il y a comme une fatalité à ne pas être reconnue (pas aimée) par les autres.
L'approche narrative raisonne autrement. Pour elle, le problème n'est pas interne à la personne, mais dans l'interaction avec son entourage. Si l'on reprend la question du « manque de reconnaissance » cette fois comme un problème externe, notre vision peut évoluer considérablement. Nous pouvons envisager que le « manque de reconnaissance » agit comme un virus que notre société post moderne s'efforce de diffuser dans les relations humaines et notamment dans le monde de l'entreprise. De façon d'autant plus efficace que les salariés ont tendance à l'intégrer eux-mêmes, en se culpabilisant de ne pas être à la hauteur. Il suffit que les responsables limitent les retours positifs à leurs collaborateurs pour que le dispositif fonctionne. Je précise d'ailleurs que les responsables ne sont pas forcément « méchants », mais ont intégré aussi ce problème de « manque de reconnaissance ».
Vu sous cet angle, le salarié peut retrouver une capacité d'agir, en commençant par externaliser le problème, c'est-à-dire en le remettant à l'extérieur de lui-même, en refusant de collaborer à la propre diffusion de ce virus. Il peut par exemple cesser de jouer un rôle dans cette histoire de « personne qui n'est pas à la hauteur ». Lorsque son chef hiérarchique l'invite à promouvoir ce scénario, il peut décliner son offre (au moins dans un premier temps dans son for intérieur). Un peu comme s'il arrêtait de nourrir un animal de compagnie. Ou bien comme s'il ne voulait plus se faire recruter dans une histoire qui n'est pas la sienne. Cette externalisation a pour effet de libérer beaucoup d'énergie que la personne mettait jusqu'alors à se dévaloriser. Elle peut alors se consacrer à repérer les moments en adéquation avec ses valeurs fortes.
J'ai décrit là une prise de conscience qui nécessite plusieurs rendez vous, je ne prétends pas non plus que cette approche corresponde à toutes les situations que j'accompagne. Mais il me semblait aidant de partager avec vous cette autre façon d'observer « nos » problèmes, qui ne sont pas forcément toujours les nôtres, mais ceux qui polluent les relations humaines de façons plus générales.
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