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Étienne Séguier

Présentation de l'hypnose

22 Octobre 2008, 21:05pm

Publié par Etienne Séguier

Si l’hypnose a fait une percée dans les médias depuis une dizaine d’années, sa mise au point est bien antérieure à la PNL qui s’en est largement inspirée. Il y a six mille ans, un manuscrit cunéiforme rédigé en Mésopotamie décrivait déjà cette pratique. Mais il faut attendre le XIXe siècle pour que ses bases scientifiques soient établies par l'Écossais James Braid, qui pour la première fois désigne cette discipline par le terme « hypnose » en 1843. Cette hypnose « classique » a longtemps été utilisée pour soulager la douleur durant des opérations chirurgicales. L’inventeur de la neurologie moderne, Jean-Martin Charcot (1825-1893) est à l’origine de l’intérêt pour l’hypnose en France. Fondateur de ce que l’on a appelé l’École de la Salpêtrière, il a mis en évidence les trois grands états de transe hypnotique en étudiant les malades hystériques. Mais ce qui l’a conduit à conclure – à tort – que l’hypnose était un état pathologique rattaché à l’hystérie. Sigmund Freud (1856-1939) s’est aussi intéressé à cette méthode. Il a notamment suivi un stage de quatre mois auprès de Charcot et traduit « Les leçons du mardi » en allemand. Entre 1887 à 1896, l’inventeur de la psychanalyse a utilisé ce procédé et publié quatorze articles sur l’hypnose. Il a ensuite abandonné cette technique qui ne correspondait plus à sa recherche, même s’il semble avoir continué à envoyer des patients à ses collègues hypnothérapeutes comme en témoigne une lettre écrite en 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Américain Milton Erickson (1901-1980) va révolutionner cette approche en cherchant moins à mettre son patient en transe profonde qu’à valoriser ses savoir-faire présents dans son inconscient pour répondre de façon innovante aux situations inédites qu’il rencontre. Ce psychiatre américain est considéré comme le fondateur de l’hypnose moderne, qu’il a profondément renouvelée en mettant notamment au point des méthodes plus « légères » pour entrer en transe, si bien que l’on parle souvent d’Hypnose Ericksonienne.

 

L’hypnose est souvent assimilée à ces spectacles de foire où un fakir fait les gros yeux à une frêle jeune femme qui s’endort immédiatement. Mais en réalité, il s’agit d’un état naturel que vous avez sans doute déjà expérimenté. Par exemple au cours d’une promenade, lorsque vous êtes pris dans le rythme de la marche. Ou lorsque vous êtes absorbé dans la lecture d’un roman passionnant. Ou encore quand vous rentrez chez vous en voiture sans réfléchir au chemin que vous empruntez, comme en pilotage automatique. L’autohypnose permet de retrouver volontairement cet état modifié de conscience. Cet apprentissage ne nécessite pas de dispositions particulières[1]. Chacun peut s’initier en un week-end. En faisant appel à un travail sur la respiration et des images apaisantes, chacun peut dizaine de minutes permettre d’atteindre cet état.

Cette technique peut être utilisée pour se préparer à vivre des moments que l’on appréhende. À titre d’exemple, avant d’interviewer une personnalité qui m’intimidait, il m'est arrivé la veille du rendez-vous de demander à mon inconscient d’aller revisiter dans les souvenirs de rencontres professionnelles agréables [2]. L’autohypnose aide aussi à ne pas être envahi par un événement récent. Il suffit d’imaginer que l’on projette la scène vécue sur un écran, en la mettant en noir et blanc, en réduisant l’intensité lumineuse. Nous pouvons aussi choisir de donner plus d’ampleur à des expériences réussies, pour s’en servir comme tremplin à d’autres projets.[3]

 

Si l’hypnose est désormais largement valorisée dans les magazines de psychologie, cette technique souffre encore d'une image « sulfureuse » auprès du grand public. Évoquer cette pratique provoque souvent un émoi dans une partie de l'assistance. Mes interlocuteurs redoutent particulièrement les risques de manipulations. Les tenants de l'hypnose ericksonienne répondent que nous gardons notre libre arbitre. Au début des séances, le thérapeute prend soin de préciser que nous pouvons refuser toute pensée et toute parole qui ne nous convient pas. Sans vouloir clore ce débat, notons simplement que dans le cas de l'auto-hypnose, nous sollicitons nous-mêmes notre inconscient, ce qui réduit à néant toute emprise d’un tiers. L’efficacité du recours à l’inconscient est aussi mise en cause. Pour répondre à cette objection, chaque pratiquant est invité à déterminer comment il pourra vérifier la réalité du changement, en imaginant un geste précis, une attitude différente qu’il aimerait adopter. (Par exemple, ranger ma chambre d’ici un mois, décider d’une orientation avec l’été) C’est en se surprenant à adopter ces nouveaux comportements que l’on peut mesure la pertinence de cette méthode.


[1]          En consultant par exemple le site : http://www.hypnose-ericksonienne.com/ qui organise des week-ends de formation, voir aussi l’association l’Académie de recherches et de connaissance en hypnose ericksonienne, l’Arche qui propose des soirées découvertes au Forum 104 à Paris

[2]          Pour avoir une idée de ce que cela peut donner, vous pouvez aussi essayer en étant éveillé, après avoir pris plusieurs respirations profondes.

[3]          «  Ceux qui veulent en savoir plus peuvent lire : «  Les pouvoirs des histoires thérapeutiques », L’hypnose éricksonienne dans la guérison des traumatismes psychiques. Evelyne Josse,DDB, 2007,  

Commenter cet article

P
<br /> Bonjour Etienne. Avec grand plaisir je vous rencontrerai...à Paris mais aussi peut-être à Bruxelles, si vos pas vous mènent jusqu'ici...<br /> Benoît Standaert ne m'est pas directement lié, j'aimerai le rencontrer. Pourriez vous me faire parvenir ses coordonnées afin d'ouvrir un dialogue avec lui.<br /> je vous souhaite de merveilleux instants.<br /> <br /> Pascale.<br /> <br /> <br />
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P
Votre ouverture et ce désir d'être passerelle entre psychologie et spiritualité me ravit. Votre article sur l'auto-hypnose me plait beaucoup. Je suis hypnothérapeute à Bruxelles et heureuse de présences telles que la vôtre qui, toutes en douceur, proposent de se découvrir en autonomie dans nos créativités.<br /> <br /> Pascale.
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E
<br /> Merci pour vos encouragements, si vous passez à Paris, cela me fera plaisir un jour de vous rencontrer, car j'ai peu l'occasion de parler d'hypnose, j'ai interrogé récemment un moine bénédictin qui<br /> s'appelle Benoit Standaert, est ce que vous avez un lien de parenté ?<br /> <br /> <br />
M
Bonjour, j'habite Roissy en Brie dans le 77. Pouvez vous m'indiquer les coordonnées d'un bon hypnothérapeute sur ma région ? Merci.
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E
<br /> <br /> Bonjour Mathilde, personnellement, je conseille de contacter l'institut français d'hypnose ericksonienne, dont voici l'adresse sur Internet : www.hypnose-ericksonienne.com/. Ma sœur a suivi un<br /> enseignement complet de qualité au sein de cet institut, vous pouvez aussi consulter son site www.accompagnementpsy.com, car elle reçoit dans votre département.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />